Un réel plaisir pour un regard en quête…
Quoi de plus opposé que les formes géométriques comme le carré, le rond ou le rectangle, inscrites dans des compositions épurées et la matérialité granuleuse ? Mais tout y prépare pour appréhender le trait comme rayure, ce qui le rend proche du geste, à la fois plus intime et plus volontaire, non plus pour délimiter mais pour tisser une trame, de l'intérieur. En jouant sur l'alternance entre un rouge somptueux qui irradie avec chaleur et la clarté froide d'un vert pâle qui essuie la teinte, on médite une mise en scène qui opère sur le rendu de transparences superposées, une visibilité musicale, polyphonique.
Toute image – et cela se retrouve dans la constance du style ainsi créé – est la réponse à une question posée, qui réconcilie des contraires. Ici, c'est la simplicité généreuse des formes qui prépare la perception, l'appréhension de ce grain rugueux ou lisse où s'accroche la lumière et qui fait éclore le désir de toucher. Les compositions sont douces. Qu'est-ce à dire ? Elles ne heurtent pas, elles ne tranchent pas, elles facilitent le glissement de l'œil, elles sont de ces traces proches de l'effleurement, des nervures atténuées appliquées avec une précision reposante, comme le sillon dans la dune : après l'effet d'un souffle, la douceur incisive de la présence. En bref, Anna Folgo nous entraîne vers cette conviction que l'effleurement est bien plus que l'esquisse et affecte aux formes cette rêverie qui ouvre sur la sérénité consistante de son monde.
Alain Bousquet
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